Ce n’est un secret pour personne, les systèmes sanitaires de beaucoup de nos pays Africains ne sont pas à la hauteur : formation du corps médical, vétusté des structures de soin, manque de prévention envers les populations, les problématiques sont multiples et complexes car structurelles.
La logique marchande des systèmes de santé couplée à une protection sociale quasi inexistante, ne permettent qu’aux classes aisées de bénéficier de soins convenables.
Mais quid des classes moyennes et autres « déclassés » de nos sociétés ? Ceux qui, faute de moyens et d’éducation sanitaire, se retrouvent ébranlés par la moindre maladie ou infection qui traine.
Comme dirait l’autre : « Nous vivons dans un pays où tu peux mourir alors que ton heure n’est pas encore arrivée ».
Le Cas Mariam Diallo
Mariam Diallo incarne malgré elle quelques-unes des anomalies et des absurdités des systèmes sanitaires de nos pays d’Afrique de l’Ouest.
Mariam est guinéenne, jeune et mère de trois enfants. Elle venait à peine de se marier quand elle observa sur son bras droit une “petite boule”. Elle consulta une première fois des médecins de sa localité (Coyah) pour solutionner un problème qui semblait être bénin.
La suite de l’histoire, c’est plusieurs anomalies et des conséquences que Mariam a payé CA$H.
1ère anomalie : Intervention chirurgicale à l’aveugle sans examen au préalable
Selon le mari de Mariam, les médecins de Coyah ont décidé d’intervenir directement sur le bras de Mariam pour faire disparaître la « petite boule » mystérieuse. Le tout sans réaliser au préalable d’examen. Une opération de routine pensaient-ils tous…
Conséquence : Quelque temps après l’opération, la « petite boule » réapparue comme si de rien n’était, tout en se permettant de doubler de volume. C’est ainsi que « petite boule » est devenue « moyenne boule ».
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Questions à partir desquelles nous pourrions débattre en commentaire :
– Est-ce le manque d’infrastructure qui a justifié l’intervention à l’aveugle ?
– Est-ce l’appât du gain ? “Ils ont donné l’argent donc il faut intervenir, peu importe comment…”
C’est peut-être tout cela à la fois, ou rien au final, toujours est-il que Mariam l’a payé CA$H.
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2ème anomalie : Une prise en charge médicale entre cynisme et mépris
Une deuxième opération chirurgicale à Coyah et un autre échec plus tard, M. et Mme Diallo sont orientés vers Donka, le grand hôpital de Conakry qui se trouve à une cinquantaine de kilomètres de leur domicile pour réaliser des examens et tenter de comprendre la maladie.
À la vue des premiers résultats, les médecins de Donka, faute d’infrastructures adaptées, orientèrent la patiente vers une clinique privée de Conakry.
Mais à Conakry comme dans de nombreux pays en Afrique :
On Paie d’abord, on Examine ensuite et l’on Soigne que si c’est Rentable !
Je caricature à peine, mais toujours est-il que le couple fût très mal accueilli à la clinique. Le personnel avait sans doute deviné que le couple avait peu de moyens. M. et Mme Diallo décidèrent donc d’aller vers une ONG où des médecins de la fameuse clinique privée interviennent parfois à des tarifs beaucoup plus raisonnables.
Mais entre la lenteur des procédures et les délais d’attente entre deux examens, la maladie a tout d’un coup pris un autre tournant. La « boule » après plusieurs opérations commence maintenant à se déchirer tout en laissant échapper en continu un liquide jaunâtre odorant.
Conséquences : Endettement de la famille Diallo pour payer les différents examens et les soins. Des résultats peu concluants, toujours pas de diagnostic précis et une dégradation de l’état de santé de Mariam. La mystérieuse maladie semble hors de contrôle.
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Questions à partir desquelles nous pourrions débattre en commentaire :
– Est-ce normal d’être ballotté, aussi longtemps, de spécialistes en spécialistes, d’hôpitaux en cliniques sans pouvoir obtenir un diagnostic précis ?
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3ème anomalie : Et si c’était de la sorcellerie ?
D’opérations en rechutes M. et Mme Diallo perdent espoir et sont désormais prêts à entendre toutes les théories pouvant expliquer l’inexplicable. D’aucuns leur expliquent que c’est sûrement un coup de personnes mal intentionnées, versées dans l’occultisme et voulant du mal à Mariam.
Pour quelles raisons ?
Aucune idée, paraîtrait-il que comme l’Amour, la Sorcellerie a les siennes.
Conséquence : Le temps d’explorer la « piste des esprits » l’état de santé de Mariam continue à se dégrader. Aujourd’hui elle est alitée et très affaiblie.
Au total Mariam a subi CINQ opérations non concluantes.
En espérant ne pas être les médecins après la mort et fort de notre foi et de notre optimisme, l’une de nos associations membres, Actions Développement Avenir, intervenant dans l’humanitaire a exceptionnellement créé une cagnotte.
Vous verrez dans la deuxième partie de cet article, le principal objet de notre visite à la famille Diallo, mais peinés et profondément touchés par la situation de Mariam, nous ne pouvions rester sans rien entreprendre.
Tous nos remerciements à Actions Développement avenir qui a accepté de créer de manière exceptionnelle et temporaire cette CAGNOTTE.
Pour en savoir plus sur la maladie et son évolution : vous pouvez écouter le TÉMOIGNAGNE du mari de Mariam.