Le 30 mai 2024 Makhily Gassama (ancien ministre de la culture) a présenté devant la presse sénégalaise ce projet ambitieux et de grande envergure.
Ce « bijou » littéraire baptisé
génétique des textes et des traductions du Mandé et d’ailleurs, a pour objectif de revaloriser une partie du patrimoine culturel et littéraire de certaines contrées de l’ouest-Africain.
Impact Culturel et Éducatif de la Renaissance Littéraire Africaine
Comme son nom l’indique, la génétique des textes est une méthode d’analyse, elle consiste à étudier la genèse des œuvres littéraires ou d’un écrit.
Elle s’oppose à l’approche philologique qui, elle, cherche à établir la meilleure version du texte, à éliminer les erreurs, tandis que l’approche génétique cherche à étudier tous les brouillons ou manuscrits d’un texte pour comprendre comment l’œuvre est née.
Dans ce cas bien précis, Makhily Gassama vise à mettre en lumière les auteurs africains, qui ont écrit pour la plupart d’entre eux, des œuvres en langue arabe et ainsi traduire leurs textes dans la langue Mandé afin qu’elles soient comprises par les populations (non arabophones) et enseignées dans les écoles.
Grâce à ce projet, le nouveau calife de Taslima qui a succédé à son frère, le regretté El hadji Sidia Diaby-Gassama (lui-même grand poète) souhaite faire connaître les érudits africains à travers leurs écrits, la vie qu’ils ont menée et les répercussions que leurs œuvres ont eues sur leurs compatriotes.
Cette connaissance passe indubitablement par la compréhension des textes et de ce fait par la traduction de celles-ci en langue mandingue. Les érudits dont il est question ont été de véritables artistes de la littérature, faisant partie d’une élite intellectuelle dite
« traditionnelle » de l’Empire mandingue, allant du Mali jusqu’à la Guinée-Bissau.
Challenges et Avenir de la Renaissance Littéraire Africaine
Malheureusement pour certains de leurs concitoyens, tout le monde n’a pas pu profiter de l’excellence de ces écrits. L’analphabétisme, la francophonie et « l’arabophonie » ont été les trois causes principales qui ont freiné l’émancipation de la littérature
africaine avec la joute du colonialisme francophone et l’éducation arabo- islamique de notre religion
La pénétration de l’Islam et de ses enseignements dans l’Ouest du continent africain a grandement influencé l’apprentissage. À défaut d’avoir eu une langue écrite et universelle, la transmission de la culture arabo-musulmane s’est manifestée (positivement) dans la culture africaine, aussi bien dans la littérature que dans l’art.
Il s’est ensuivi la colonisation qui a favorisé la formation d’une élite culturelle acquise à l’assimilation, ayant accédé à la culture coloniale, provoquant ainsi une rupture entre l’élite africaine et les masses populaires africaines.
C’est pourquoi Makhily Gassama a pour souhait que le système éducatif sénégalais puisse bénéficier d’outils pédagogiques pour l’enseignement de nos langues et de nos valeurs littéraires au sein des établissements scolaires. Il ambitionne de créer un dictionnaire de littérature mandingue.
En résumé, je pense que ce projet est l’héritage de tous les Africains et qu’il est de notre intérêt d’y participer chacun à notre manière. Dans l’intérêt des futures générations, la découverte et l’apprentissage des œuvres
authentiques ne fera que renforcer le patrimoine culturel.
La traduction en la langue mandé permettra à des millions de personnes de pouvoir se rendre compte du génie littéraire et des trésors (longtemps oubliés) de ces érudits qui ont passé leur vie à parfaire l’enseignement religieux et sociaux-culturels.
Cette langue est parlée par plus de 30 millions de locuteurs, au Mali, en Mauritanie, au Burkina Faso en Côte d’ivoire, en Gambie en Guinée- Conakry, en Guinée-Bissau et bien évidemment au Sénégal.
Cette famille comprend notamment l’ensemble des langues mandingues qui présentent un continuum linguistique et dont mêmes les variantes les plus éloignées restent mutuellement intelligibles : le Bambara (bamanakan), le dioula (dioulakan), le malinké (maninka), le mandinka (mandingue, mandingo), le diakhanké….
C’est ainsi que la langue maternelle joue en cela un rôle irremplaçable; elle est le support, le véhicule de la culture, le garant de sa base populaire au stade de sa création et à celui de son apprentissage.
Dans nos langues africaines, ces valeurs, cette éthique, nous les
retrouvons dans nos littératures orales ou écrites, dans nos contes dans nos légendes, dans nos dictons et nos proverbes qui sont les véhicules de la sagesse et de l’expérience vécues de nos peuples. Nos cultures africaines, porteuses de savoir et de spiritualité, sont une source intarissable d’inspiration pour nos arts et pour nos lettres.
Conclusion
Pour conclure, la culture est la totalité de l’outillage matériel et immatériel, œuvres d’art, savoir et savoir-faire, langues, modes de pensée, comportements et expériences accumulées par le peuple dans son effort de libération pour dominer la nature et édifier une société toujours meilleure.
Elle est pour ainsi dire, la somme des expériences et des expressions concrètes liées à l’histoire des peuples.
Makhily Gassama m’a dit un jour que nous les africains étions les véritables « métisses » de l’univers car nous connaissons tout des autres nations, mais eux ne connaissent qu’une infime part de nous. Nous connaissons leur culture, leur histoire, leur pays, leur lois…mieux qu’ils ne connaissent les nôtres. Nous parlons leurs langues et faisons partie intégrante de leur vie.
À nous maintenant d’utiliser toutes ces
compétences aux services de notre propre culture.
Que le Seigneur nous facilite dans cette tâche et que la paix nous accompagne
Moustapha